Supplément "fenêtres"
Je fais aussi une fixette sur les fenêtres, la transparence, les reflets, les jeux d'ombre sur les volets clos...
Je trouve bien dommage qu'aucun régime politique ne se soit surnommé La Grandiose Fenêtre, Le Splendide Meneau ou La Lucarne Triomphale.
Gand, août 2010
En regardant par cette fenêtre ornée de vitraux c'est l'élégance gothique des villes flamandes, les canaux qui ont transporté des siècles durant la fortune des maîtres drapiers, que l'on peut contempler. Toute cette richesse exposée dans l'ogive des cathédrales, les aiguilles des béfrois et la symétrie des façades à pignon.
Athènes, novembre 2009
Une minuscule église au dôme blanchi à la chaux, la simplicité de sa mise extérieure contraste avec l'opulence de la décoration intérieure. C'est une ferveur inébranlable qui guide les pas des croyants sur le chemin tortueux du Mont Lycabette jusqu'aux cierges en cire d'abeille. De cette belle fenêtre ouvragée on a une vue imprenable sur le Parthénon la colline jumelle, le Pirée au loin et la mer dorée par le soleil.
Bruges, août 2010
L'amatrice des calembours que je suis, ne peut pas ne pas vous écrire que cette Juliette brugeoise a du chien, qu'elle a aussi peut-être un caractère de chien, mais à n'en pas douter par la sophistication de ce bow-window, elle n'a pas une vie de chien!! Quel est le comble du luxe? De mettre un coussin sur l'appui d'une fenêtre pour que son labrador y pose la tête et se lasse de regarder passer les bateaux de touristes sur un canal à Bruges!
Troyes, octobre 2011
L'alliance du soleil automnal et des rues étroites de Troyes permettent à d'aguicheuses cheminées de venir frôler de leurs ombres deux stoïques volets.
Athènes, novembre 2009
Dans les ruelles de Plaka, le soleil plaque l'ombre de la ville sur un mur défraichi à qui le rouge sang des volets vient redonner un peu de vie, raviver par contraste le bleu et le jaune de ses existences passées.
Festival d'Aurillac, août 2008
Entre deux cours d'immeubles dans le centre d'Aurillac, une cage d'escalier de béton brut abandonnée aux taggeurs. Un lieu sans intérêt si ce n'était cette fenêtre ouverte, cette source de lumière. Et à travers elle, on entend les bruits, les chants, des artistes qui se produisent partout dans la ville et on entend surtout le rire de tous ceux venus voir les saltimbanques.
Boston, août 2011
Chestnut Hill, le quartier le plus huppé de Boston. C'est le reflet du réverbère à côté de la lampe qui a attiré mon attention, mais, ensuite, j'étais frappée par l'abscence de rideaux, par ces gens qui vivent leur intimité au grand jour. Même si la fenêtre était très haute par rapport au trottoir, de l'autre côté de la rue je voyais très bien chez eux. Je me souviens du sofa crème et d'un châle aux tons orangés posé dessus, de deux portes en enfilades et d'une bibliothèque sur la droite.
Paris, avril 2010
Le bus 39 passe sur le pont Royal, il vient de quitter St Germain des Prés et va entrer dans l'enceinte du Louvre, c'est le tronçon du trajet où les dames pomponnées en livrée Chanel et les enfants gâtés aux nounous venues du bout du monde règnent en maître sur les places du fond. Qu'est-ce que je fais assise là? Au secours!!
Trois-Rivière, septembre 2011
J'aime cette herbe folle qui grimpe à l'assaut de la devanture, qui va venir frapper aux carreaux de cette fenêtre délaissée, à qui on a même retiré les volets; ne reste que les attaches, comme un vague souvenir du temps où il y avait des choses de valeur à l'intérieur que l'on aurait voulu protéger. Des choses ou peut-être des gens...
St Malo, avril 2009
Une fenêtre sur la mer. Une mer à l'unisson du ciel. Un ciel où les nuages se balladent. Une ballade le soir sur les remparts. Un rempart qui laisse place à une tour. Une tour assise dans le sable. Le sable qui entre dans la ville. La ville qui somnole le soir venue. L'avenue qui descend vers cette fenêtre.
Montréal, octobre 2011
Cette photo n'a pas été prise au Québec. J'aurai peut-être pu trouver au fin fond de la Gaspésie ou de l'Abitibi un vieux puits et de vieux volets à persiennes, mais pas à Montréal. Et si j'en avais trouvé, ils n'auraient pas eu ce côté "Vieille France" si prononcé. Mais cette photo a bien été prise à Montréal!
Paris, novembre 2008
Il y a des automnes maussades, gris, où les jours n'en finissent pas de se ressembler. Il y a des automnes où on a cru réussir et où on a échoué. Il y a des automnes où on s'est maudit, détesté et qui laissent une trace indélébile au coeur. Il y a des automnes où se balader dans les passages de Paris offre une bouffée d'air. Il y a des automnes où voir le reflet d'une silhouette amie dans la fenêtre d'une brasserie désobscurcit un peu le ciel