La Sublime Porte
Dans l'Empire Ottoman, La Sublime Porte, désignait l'entrée d'honneur du grand vizirat à Constantinople. Au fil du temps, l'expression a été utilisée par les ambassadeurs étrangers pour parler du pouvoir ottoman en général ou de celle qui n'était pas encore Istanbul et toujours capitale. La Sublime Porte ou simplement La Porte, comme nous, nous dirions l'Elysée, mais avec tellement plus de mystère et d'élégance dans la première expression. Je ne sais pas si ma passion pour les portes vient de mes cours d'histoire médiévale, mais une chose est sûre, la mention par l'honorable M. Cheynet de la Sublime Porte a éveillé ma curiosité et mon imagination. Depuis lors, Istanbul est sur ma liste des villes où je ne peux pas ne pas aller.
Alors est-ce la Sublime Porte que je recherche dans toutes celles que je photographie? C'est toutes les histoires que cette expression m'a inspiré et que les battants enferment. Toutes les portes portent une part de mystère, elles sont toutes le début d'une histoire ou la fin d'une aventure. Alfred de Musset disait "une porte doit être ouverte ou fermée". Avec tout le respect que je dois à l'auteur des Caprices de Marianne, une porte entrouverte est beaucoup plus évocatrice! Une porte qui laisse entrevoir une intimité, cela réveille en chacun de nous le voyeur qui sommeille.
Bruges, août 2010
Montréal, octobre 2011
Il y a les portes usées, vieillies, mal traitées, sur lesquelles le lierre vient ramper. Celles qu'on n'ouvre plus, mais qu'on ne remplace pas quand même. Celles où plus personne ne vient frapper de peur d'effriter le bois, ou sonner de peur que quelqu'un ouvre.
Trois-Rivières, septembre 2011
Il y a les portes sans battants. Celles qui offrent à voir des enfilades d'autres chambranles évidés. Celles qui mènent aux arrière-cours, on ne peut ni les ouvrir ni les fermer, on les traverse sans s'en rendre compte.
Figeac, Août 2008
Troyes, octobre 2011
Il y a les portes élégantes des maisons de villes, devant lesquelles on plante des hortensias ou des rosiers, dont on franchit le seuil avec plaisir, car ces portes-là sont déjà un avant-goût du bon goût des habitants des lieux.
Langres, octobre 2011
Kamouraska, juillet 2011
Il y a les portes qu'on a muré, comme un désaveu, la marque d'une erreur, d'un passé qu'on souhaite oublier. (Louis XIV a fait murer la porte de l'église de St Jean de Luz après son mariage! Je l'avais prise en photo avec mon appareil argentique, mais impossible de remettre la main sur les négatifs!)
Montréal, octobre 2011
Il y a les portes monumentales, celles qui conduisent à Dieu, aux Dieux. Celles qui donnent et demandent de l'humilité, peu importe que l'on croit ou non d'ailleurs, la foi des bâtisseurs imposent le respect.
L'abbaye de Fontenay, octobre 2011
Fontenay
Athènes, novembre 2009
Le Clos de Vougeot, octobre 2011
Oui je place les portes des chais du Clos Vougeot dans la catégorique "Portes monumentales". On a la foi viticole ou on ne l'a pas!!
Il y a les portes cachées au fond des allées, dans l'ombre des cours, discrètes. On pourrait les oublier ou ne jamais savoir quelles sont là, pourtant il y a de la poésie dans cette discrétion. Où est-ce dans mes yeux qu'il y a de la poésie?
Vézelay, octobre 2011
Boston, août 2011
Et puis, il y a, ma foi, des portes pour les canards!
Bruges, août 2010
Certaines portes sont comme des visages, elles portent les marques du temps, des infamies et des embellies. Je n'aime pas prendre en photo les visages, cela demande de transgresser une intimité, d'engendrer une gêne, je préfère traquer l'humain dans tout ce qui l'entoure, dans la vérité des choses inanimées.