Big Apple

Publié le par cecinestpasunblogsurmavieaucanada

Depuis que je suis rentrée de Big Apple, j’écoute en boucle « New-York, New-York » chanté par Liza Minelli, extrait du film de Scorcese. J’adore cette chanson, son rythme guilleret et grandiose à la fois. J’adore  la voix suave et forte de Liza. J’adore les notes au piano du début, légères comme des pas de danse. J’adore quand Liza prononce le premier New-York New-York comme un murmure, un mot d’amour, un secret. J’adore quand le rythme s’accélère, que Liza pousse sa voix, que les percussions et les cuivres se mettent à jouer, que l’on sent palpiter, vrombir le cœur de New-York. En l’entendant, j’ai presque l’impression d’y être de nouveau, de laisser filer mes chaussures vagabondes le long des avenues sans fin, le nez au ciel.

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Depuis Montréal, il faut 7h de voiture pour atteindre la ville promise. La frontière américaine est très près de Montréal, à peine 30 min. Les Américains savent faire les choses en grand, c’est très impressionnant de voir les lettres UNITED STATES OF AMERICA se dessiner dans la nuit. Même si on n’est pas, comme moi, une grande américanophile, il faut au moins leur accorder cela, ils ont le sens du spectacle !

 

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Les douaniers aussi ont le sens du spectacle, on se serait cru dans un mauvais épisode de Hooker ! 45 minutes et 12$ dollars plus tard, nous sommes officiellement entrés aux Etats-Unis !

Il y a de grandes différences de perception à voyager en avion ou en voiture. L’avion trompe nos sens, il réduit les distances, le temps, on arrive en étant à peine parti, on ne sent pas la lenteur du voyage ni les kilomètres, on est fatigué mais finalement pas tant de voyager que de ne rien faire, d’attendre, de passer le temps, de tromper l’ennui. Dans l’avion, il n’y a rien à faire, rien à voir. En avion, on part et on arrive, point.

La voiture c’est lent, c’est la vraie sensation du voyage. Une amie m’a écrit que les vacances cela commence forcément par un voyage en automobile, c’est vrai. Pour se mettre en condition d’être ailleurs, de découvrir un « autre part », il faut sentir que l’on se déplace, qu’on avance. Il faut coller son nez à la vitre et regarder défiler les arbres, les maisons, les fils électriques, les voitures. Il faut laisser son esprit vagabonder de l’un à l’autre, s’imaginer la vie de ces gens qui vivent si près de la route, se répéter les noms de ces villes dont on ignorait l’existence et qu’on oublie déjà, si vite passées. Il faut sortir toute groguie de la voiture à 5h du matin pour tenter de faire le plein d’essence au milieu du Connecticut. Il faut faire un arrêt-pipi sous la pluie d’orage dans les fourrés d’une station service fermée au milieu de la nuit ! Il faut se laisser bercer par la monotone musique de la route, seulement rythmée par intermittence par les joints de dilatation des ponts. Il faut cogner des clous, lutter contre le sommeil, entendre s’éloigner les sons extérieurs, ne pas avoir l’impression de dormir et pourtant laisser s’échapper des dizaines de kilomètres loin de notre conscience. C’est une sensation de liberté immense de voyager en voiture dans un pays étranger, juste de se dire je roule sur une route américaine vers New-York, c’est le pied !

Mais il est vrai que Paris-New-York en voiture c’est plus compliqué ! Quand on part en avion, l’aventure ne commence qu’à destination, en voiture, le trajet est déjà une aventure en soi.

 

Notre port d’arrivée n’était pas New-York mais une « petite » bourgade de l’état de New-York : White Plains. De là, le train, nous a mené en 45 minutes à Grand Central. Voiture, train, même combat ! Arriver à New-York par Grand Central c’est extraordinaire, la première vision que l’on a de NY c’est le hall gigantesque de la gare, ça donne tout de suite le tempo des jours à venir. Jusqu’à Grand Central on avait fait un sans-faute je dois dire, hormis le fait qu’Emilien a oublié les guides de voyage et qu’on a été obligé de refaire un passage dans le centre de Montréal avant de prendre l’autoroute.

 

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Petite halte pour présenter les protagonistes de cette histoire exaltante d’aventuriers des temps modernes ; par vraiment « modernes » car les Iphone ne fonctionnaient pas à NY, on a dû utiliser ces choses anciennes et en papier, qui se positionnent dans le sens de la marche que si on les tourne : des cartes !!

Honneur aux dames : Pauline, jeune bretonne dont le voyage à NY a été le dernier de son PVT puisqu’elle a repris l’avion pour la France le jour de notre retour à Montréal. C’est elle l’initiatrice du voyage. Emilien, (assis sur le banc), alsacien, photographe amateur, qui a fait flambé sa carte bleue dans tous les magasins de Time Square !  Et enfin Rémi, notre magicien toulousain, qui nous a diverti avec ces tours de cartes, qui m’a surtout énervé car je n’arrivais pas à voir comment il faisait, alors que c’était sous mon nez !!!

 

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Notre première erreur de parcours aura été de mon fait, car j’avais oublié la logique interne du métro new-yorkais, j’avais oublié que le métro n’est pas obligé de s’arrêter dans toutes les stations, qu’il y a les métro « local » et les « express ». On a dû faire quelques stations en plus avant d’arriver sur la 28e et l’hôtel Latham. Ah les hôtels new-yorkais !! Si on a la chance d’être directeur du FMI on peut se payer le Sofitel, sinon on peut se payer le Latham Hotel ! Cet hôtel avait une qualité, il était très bien placé, à 6 rues de l’empire State Building et à 5 du Flat Iron. Après salles de bain et toilettes sur le palier, un lit qui couine comme c’est pas permis et une propreté qui laissait à désirer. Et il servait aussi de foyer pour mères célibataires, je pense, car on a croisé un nombre incalculable de mamans avec des petits bouts de chou sans jamais voir de papas.

 

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C’était la première fois que je retournais dans une ville étrangère déjà visitée et il n’y a rien d’étonnant à ce que ça soit New-York. S’il y a bien une ville de laquelle je ne me lasserai jamais c’est celle-ci. New-York n’est pas une ville, c’est un monde !

Notre première rencontre a eu lieu il y a deux ans quasiment jour pour jour, j’étais partie retrouver notre Meera Perampalam nationale ! Je n’avais jamais fantasmée NY avant de m’y rendre, pour moi c’était une ville comme une autre, peut-être moins mystérieuse qu’une autre car tellement souvent vue au cinéma et à la télévision.

J’ai été totalement époustouflée,  le choc de la découverte a été violent, mais dans le bon sens du terme, c’est le genre d’endroit qui vous force à être présent, conscient de tout, il nous dit « be alive ! ». C’est un spectacle pour tous les sens, pas seulement les yeux, New-York a une force, une musique qu’elle transmet à ceux qui l’habitent, une frénésie entêtante qui inonde les pores de la peau.

Autrement dit, j’étais impatiente d’y retourner, cette fois-ci j’ai rêvé de New-York, j’avais aussi un peu peur d’être déçue, d’avoir dépassé le stade de l’émerveillement des premières fois. Ce ne fut pas le cas !

 

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Nous n’avions que 3 jours sur place, puisqu’on a fait le trajet aller-retour de nuit pour maximiser notre présence là-bas, 3 jours c’est tellement court, c’est juste le temps d’avoir l’eau à la bouche. Et New-York c’est tellement grand, il y a tant à voir, à faire, c’est sans fin, plus on avance dans la ville, plus on a envie de voir encore plus loin. Il y a les incontournables auxquels on se doit de se rendre : monter en haut de l’Empire State Building, juste pour le vertige, se sentir si petit face à l’immensité de cette ville et en même temps si puissant car on la domine.

 

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Prendre le ferry pour Staten Island et regarder la baie de New-York, passer devant la Statue de la Liberté, voir de loin le Verrazano Bridge.

 

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S’allonger dans Central Park, savourer l’exquis paradoxe d’être en forêt en plein ville. Marcher le long de Broadway dans le Theater District juste pour voir les noms des music-halls. Voir le trou béant, l’injure qu’est Ground Zero.

 

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Se laisser attirer par les lumières de Time Square en pleine nuit et luxe extrême prendre un taxi depuis Time Square, rouler tambour battant jusqu’à un bar où on pourra boire un « cosmopolitan » sur un toit-terrasse face à l’Empire State Building.

 

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Et puis il y a le New-York propre à chacun. Moi j’aime par-dessus tout la pointe de Manhattan, j’aime rentrer depuis Battery Park dans cette jungle urbaine, j’aime voir la lumière diminuer, les lignes verticales s’élancer sans fin vers le ciel, les rues se rapetisser pour ne devenir que des allées piétonnes. J’aime cette sensation ambiguë de grandeur et de petitesse qu’on trouve dans Downtown.

 

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Et puis j’aime aussi le Madison Square Park, le Flat Iron en face au milieu du croisement entre la 5e avenue et Broadway, mes dernières heures à NY je les ai passées là, couchée, endormie dans l’herbe à écouter le vrombissement des clim’, si NY devait être un bruit ça serait celui-ci.

 

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Durant ces trois jours j’ai quasiment réitéré le voyage que j’avais effectué il y a deux ans, il faut dire que j’avais une super guide à l’époque, j’ai essayé de me montrer digne en guidant mes 3 comparses ! Il y a quand même eu quelques différences, je suis montée en haut du Rockfeller Center, j’ai pris le funiculaire qui mène à Roosevelt Island et admiré un beau couché de soleil sur le Queensboro Bridge, j’ai traversé le Brooklyn bridge de nuit. Mais je n’ai pas eu le temps d’aller au MoMa, le Musée d’art moderne, mon grand regret, cela sera pour la prochaine fois.

 

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Car j’y retournerai c’est sûr, je choisirai une autre saison, peut-être l’automne pour voir Central Park se vêtir de rouge et de jaune, et quand j’y retournerai j’irai contre le courant new-yorkais, je prendrai mon temps, je flânerai, je n’irai pas partout, je ciblerai, j’approfondirai, car je veux connaitre New-York, pas seulement la rencontrer.

 

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A 22h, c’est déjà l’heure de reprendre le train en sens inverse, de récupérer notre voiture et de s’en retourner vers Montréal. Je dis 22h, c’est plutôt 22h20, le temps qu’Emilien passe au Duane Reade acheter des pastilles pour la gorge et qu’il s’aperçoive une fois dans le magasin et nous dehors qu’il ne sait pas comment on dit « gorge » en anglais. Ah maudite climatisation !!

Les gars ont conduit à l’aller c’est à notre tour pour le retour, Pauline prend le premier quart. Je crois que je me suis fait avoir sur toute la ligne, j’ai conduit au retour et la dernière moitié de 3h à 6h30, autant dire le plus dur, quand tout le monde dort et que la radio américaine ne passe que de la country ; je pense même lancer une pétition contre ce style de musique ! Le passage de la douane est beaucoup plus rapide qu’à l’aller, même si le douanier nous pose une kyrielle de questions, pourquoi même quand on n’a rien fait, se sent-on mal à l’aise vis-à-vis de la force publique, presque coupable même ?

Les derniers kilomètres de routes droites et comme un cadeau de bienvenue en passant le Pont Champlain qui mène à Montréal, un magnifique lever de soleil sur le Saint-Laurent, l’horizon est rose. Rose le matin, chagrin. Un peu chagriné d’avoir quitté NY c’est vrai, mais quand même heureuse de revenir à MTL.

C’est étrange d’ailleurs de quitter un pays étranger pour revenir dans un autre pays étranger…

 

 

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